Chroniques naturalistes

Plantes messicoles
© Antoine Guillet

Pour les curieux… et les observateurs en herbe, une rubrique dédiée !

© Jean-Claude TEMPIER – CEN PACA

Le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus) vit dans les rivières, étangs et marais. Et oui, c’est un campagnol aquatique ! Avec le Castor d’Eurasie, il est le seul rongeur aquatique présent de façon naturelle en France et en Europe.

Attention, ce n’est pas parce que vous apercevez un campagnol qui nage que c’est forcément un campagnol amphibie. En effet, son cousin le campagnol terrestre peut aussi adopter des mœurs aquatiques, il est alors appelé « forme aquatique ».

Cette espèce est complètement liée au milieu aquatique. Elle va nager et plonger de manière remarquable, se nourrir de plante sur le bord des cours d’eau ou dans l’eau et s’abrite dans un terrier dont l’entrée est immergée. Elle va vivre en petite colonie et n’est jamais très abondante dans un milieu naturel, elle n’a donc aucun impact sur les activités agricoles.

Le campagnol amphibie fréquente tout type de milieux aquatiques jusqu’à 2000 mètres d’altitudes, de préférence offrant un couvert de végétation herbacée au bord de l’eau. Les cours d’eaux étant assez fermé ou dont les berges sont détériorées par l’érosion ou par des aménagements anthropiques ne sont donc pas favorables à sa présence.

L’aire de répartition française du campagnol amphibie représente environ 40 % de son aire de répartition mondiale. Une forte responsabilité repose donc sur les territoires où l’espèce est présente pour assurer sa conservation.

Assez présente en région Sud, cette espèce est très discrète et est donc difficilement observable. Plusieurs observations ont montré sa présence dans le Var, mais de manière très localisée. La principale population se trouve dans les Maures mais certaines petites populations ont été mises en évidence sur la partie basse du bassin versant du Gapeau et sur l’amont du bassin versant de l’Issole.

Malheureusement, bien que plusieurs zones sur le territoire du Parc de la Sainte-Baume était connue pour abriter cette espèce, ces données de présence ne sont plus vérifiées depuis plusieurs années.

Le campagnol amphibie était autrefois assez commun en France mais les effectifs de la population ont considérablement diminué au cours du 20ème siècle. Il est protégé en France depuis 2012, sa destruction et celle de son habitat est donc interdite.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter les publications suivantes avec lesquelles cet article a été rédigé :

  • Rigaux P. (2015). Les campagnols aquatiques en France – Histoire, écologie, bilan de l’enquête 2009-2014. Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères, 164 p.
  • Rigaux P. (2013). Répartition de la Loutre d’Europe (Lutra lutra), du Campagnol amphibie (Arvicola sapidus) et du Castor d’Eurasie (Castor fiber) en Provence-Alpes-Côte d’Azur. LPO PACA, Faune-PACA Publication n°35 : 39 p + annexes.

Le rouge-gorge familier (Erithacus rubecula) est un petit oiseau de l’ordre des passereaux. Il fait partie des espèces d’avifaune les plus connues du grand public, de par sa proximité et son caractère peu farouche. Il est présent dans toute l’Eurasie et en Afrique du Nord pendant l’hiver. Sa conservation n’est pas considérée comme menacée sur tout le continent.

Vous l’avez peut-être déjà remarqué, le rouge gorge est présent toute l’année et souvent au côté du travailleur de la terre, pour récupérer des larves qui seraient mises à l’air libre par quelques coups de bèches. Saviez-vous que cet oiseau est migrateur ? Plus précisément, cette espèce est dite « migratrice partielle », c’est-à-dire que certains individus font le choix de migrer vers le Sud, alors que d’autres font le choix de rester sur le site de reproduction.

Des chercheurs suédois et britanniques ont montré que ce choix était en grande partie régit par la météo sur le site de reproduction de l’individu. Par exemple, 50% des individus s’étant reproduit en Grande-Bretagne ont été retrouvé en France ou en Afrique du Nord, contre 99% des individus s’étant reproduit en Scandinavie. En effet, l’hiver y est beaucoup plus rude et les chances de survie sont très infimes pour ceux qui décident de rester ! Les distances de migration vont également être corrélées linéairement à la latitude : plus l’individu s’est reproduit au Nord, plus il parcourra une longue distance vers le Sud. Les distances de migration vont donc varier de plusieurs dizaines de kilomètres à 3000 km !

Rouge gorge
Rouge-gorge © Jean-Jacques Salone

Ainsi, un rouge gorge observé dans un jardin ou en forêt au mois de juillet n’est sans doute pas le même qu’un individu observé en décembre. Cependant, dans nos régions méditerranéennes, les hivers sont plus doux. Ils en résultent que les individus locaux ne vont peut-être pas partir mais que d’autres individus « nordiques » vont également venir en profiter. Ces arrivées sont généralement mal vues par les rouges gorges locaux, qui sont alors prêts à tout pour protéger leur territoire, car à la clé se trouve une ressource alimentaire nécessaire pour survivre à l’hiver.

Cette compétition sur la ressource alimentaire oblige alors certains individus à adopter des comportements très peu farouches, dans l’optique de trouver de la nourriture encore plus facilement. Cela peut mener à des situations incongrues, où un rouge gorge s’invite à votre pique-nique, rentre dans une habitation ou vous suit de très près pendant que vous marchez en forêt !

Pour aller plus loin sur la biologie et la migration du rouge gorge, vous pouvez vous référer aux publications scientifiques suivantes :

  • From Migratory connectivity and effects of winter temperatures on migratory behaviour of the european robin Erithacus rubecula: a continent wide analysis , Ambrosini et al, 2016.
  • From Consequences of the settlement of migrant European Robins Erithacus rubecula in wintering habitats occupied by conspecific residents ; Telleria et al, 2003.
  • Patterns of migration and wintering of Robins Erithacus rubecula in northern Iberia ; Arizaga et al, 2011.

Chaque année, à l’approche de l’hiver européen, les oiseaux migrateurs repartent en voyage vers des contrées plus chaudes. Méthode de survie que l’être humain moderne ne pratique plus ou presque, le sujet passionne et rend toujours aussi rêveur. Aussi, avons-nous décidé d’accorder cette chronique naturaliste à la migration. Et comment ne pas aborder le Guêpier d’Europe lorsqu’on parle de migration ?

Le Guêpier ou Merops apiaster en latin est un oiseau bien connu dans nos contrées pour son plumage coloré unique en son genre, allant du brun-roux sur le dos, jaune pétant sur la tête, au bleu turquoise sur le ventre. Comme son nom l’indique, celui-ci est spécialisé dans la chasse d’insectes, tout particulièrement les hyménoptères, c’est-à-dire les abeilles, frelons et guêpes. Cet oiseau est migrateur et va donc se déplacer entre un site d’hivernage et un site de reproduction en fonction des températures et de sa ressource alimentaire.

Quand certaines espèces d’oiseaux se décident à « simplement » aller en Afrique du Nord en traversant la méditerranée, le Guêpier lui n’a pas peur des distances. En effet, certains individus ont été retrouvés en Afrique du Sud, alors qu’ils avaient été bagués en Suisse ! Mais une grande partie des populations semble se répartir en Afrique subtropicale, entre le Sénégal et le Ghana. Ces migrations sont généralement longues et nécessitent quelques étapes, qu’il est possible d’observer de mi-aôut à mi-septembre. Lors de leur passage, ces oiseaux sont très reconnaissables par leur chant aiguës et roulés, que l’on peut entendre même lorsqu’ils sont très haut dans le ciel. Plusieurs groupes ont été observés cette année sur le massif de la Sainte-Baume, un spectacle magnifique mais qui reste très dangereux pour ces oiseaux. Il est en effet estimé qu’entre 30 et 50% de ces oiseaux ne survivront pas à ce voyage.

D’autres espèces d’oiseaux migrateurs sont présentes sur le territoire du Parc. Certains vont partir vers des territoires plus chauds à l’instar du Guêpier comme les Hirondelles, les Rouges queues ou les Rolliers. D’autres arriveront pour profiter d’un hiver plus doux en Sainte-Baume que dans le nord de l’Europe ou des Alpes, comme l’Accenteur alpin, le Merle à plastron ou l’emblématique Tichodrome échelette. Et enfin, certaines espèces ne feront que passer mais resteront quelques jours ou semaines pour reprendre des forces avant de traverser la méditerranée, comme le Pluvier guignard, les Grues, les Cigognes ou encore le Traquet motteux.

Et vous, quelles espèces avez-vous réussi à voir cette année ?

Le Parc naturel régional de la Sainte-Baume est connu pour abriter une très grande diversité d’espèces de papillons. En effet, alors que près de 60% des espèces de papillons diurnes de France sont présentes dans le Var, c’est 49% des espèces qui sont présentes sur le territoire du Parc de la Sainte-Baume.

Plusieurs de ces espèces sont patrimoniales ou protégées, comme la Proserpine, le Damier de la Succise, le Thècla de l’Arbousier ou encore le Semi-Apollon.

Un Plan national d’action (PNA) sur les papillons diurnes a été lancé pour essayer de lutter contre la diminution des effectifs des populations, qui a été estimé à hauteur de 50% en 20 ans selon l’Agence européenne pour l’environnement. 17 espèces sont classées comme menacées dans la liste rouge UICN, dont 5 sont sur le territoire du Parc.

Une déclinaison régionale du Plan national d’action (Plan régional d’action ou PRA) est piloté par le CEN PACA, qui a vocation à sauvegarder les espèces et les effectifs à travers différentes mesures. 49 espèces ont été listées dans ce PRA, étant jugées comme les plus patrimoniales.

La LPO est porteuse d’un projet de mise en œuvre des actions du PRA à l’échelle du territoire Provence Verte Verdon et du Parc naturel régional de la Sainte-Baume. Financé par le fonds européen Leader, le Parc est un des partenaires majeurs de ce projet. Les trois objectifs de ce projet sont de :

  • améliorer les connaissances
  • accompagner les acteurs
  • valoriser et sensibiliser le grand public

Dans le cadre de l’ABC de Pourrières, une habitante a fait une étrange découverte dans son oliveraie. Une forme de vie pas banale, qui ressemble à un champignon, mais pas tout-à-fait : un Myxomycète. « A vos souhaits ! ». Si on traduit le grec ancien, cela donne « champignon gluant ». Peu ragoutant et pourtant passionnant.

Longtemps confondus avec les champignons, ils ont interrogé les scientifiques par leur capacité à se déplacer pour chercher leur nourriture (des amibes) qu’ils prédatent. Curieux pour un champignon non ?

En réalité, comme le très médiatisé « Blob », ce sont des protistes, ni animaux, ni végétaux, ni champignons donc, mais un règne vivant bien à part d’organismes unicellulaires. Ces formes de vie à la longévité record, à la capacité de mémoriser et d’apprendre sans cerveau, à résister à des conditions extrêmes ne cessent d’interroger la science.

𝘗𝘦𝘭𝘦𝘤𝘰𝘤𝘦𝘳𝘢 𝘱𝘳𝘶𝘪𝘯𝘰𝘴𝘰𝘮𝘢𝘤𝘶𝘭𝘢𝘵𝘢

Une donnée de 𝘗𝘦𝘭𝘦𝘤𝘰𝘤𝘦𝘳𝘢 𝘱𝘳𝘶𝘪𝘯𝘰𝘴𝘰𝘮𝘢𝘤𝘶𝘭𝘢𝘵𝘢 a été incorporée dans la révision du genre par Xavier Lair et Gabriel Nève suite à une capture sur la commune de Mazaugues. Gabriel Nève, un des co-auteur, chercheur à l’Institut méditerranéen de biodiversité et décologie marine et continentale (IMBE) et membre de l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie), a commencé à piéger les diptères sur Mazaugues suite à la sortie de l’#AtladelaBiodiversitécommunale (ABC), réalisé en 2015 qui faisait état de la faiblesse de connaissance sur ce groupe d’espèces.

Ces inventaires participatifs permettent bien de faire progresser l’état de connaissance des espèces sur le territoire !

Pour télécharger l’article, c’est par ici : https://mapress.com/zt/article/view/zootaxa.5141.1.1

Le Scorpion languedocien est une espèce patrimoniale de scorpion du genre Buthus. En France, cette espèce est connue pour être présente à des altitudes inférieures à 500m et était donc jugée absente des parties submontagnardes des massifs provençaux, comme celui de la Sainte-Baume.

Or, une population isolée de Buthus a été observée sur les crêtes de la Sainte-Baume, à une altitude comprise entre 900 et 1000m ! Cette découverte a conduit deux chercheurs, Eric YTHIER et Léo LABORIEUX, à s’intéresser de près à cette population. Ils ont comparé les caractéristiques anatomiques de trois individus de cette population isolée à des individus de l’espèce Buthus occitanus venant de 13 lieux différents en Provence.

Ces travaux ont montré que cette population est en fait une nouvelle espèce du genre Buthus, nommée par les auteurs Buthus balmensis ou Scorpion de la Baume. Elle est reconnaissable par la combinaison de plusieurs caractères morphologiques clés, comme la taille des pédipalpes, la largeur et la longueur de certaines parties des pattes, oula longueur des segments. Cette espèce devient ainsi la troisième espèce du genre Buthus décrite en France et la 18ème en Europe de l’Ouest.

Une nouvelle raison de protéger le patrimoine naturel exceptionnel des crêtes de la Sainte-Baume !

Pour plus d’informations, vous pouvez retrouver la publication scientifique sur ce lien : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03809797v1

B. balmensis 2 © Leo Laborieux

Avec l’arrivée des fêtes de fin d’année, nous constatons un nombre important de cueilleurs venus arpenter les espaces naturels en quête de plantes décoratives, telles que le houx, le fragon, le gui et les mousses…  qui souffrent de ces ramassages intensifs.

Quelques rappels importants :

  • Les forêts publiques ou privées et les végétaux qui s’y trouvent sont toujours la propriété de quelqu’un. Les cueillettes de toutes sortes sont donc interdites sans leur accord. Une exception est cependant faite dans les forêts publiques où l’ONF tolère un ramassage en petite quantité réservé uniquement à un usage familial (représentant l’équivalent d’une poignée par personne maximum).
  • Tout prélèvement en dehors de ce cadre (sans accord du propriétaire privé ou trop intensif et trop volumineux en forêt publique) peut faire l’objet d’une amende de 135 € à 45.000 € pouvant aller jusqu’à des peines d’emprisonnement (cf. articles L.163-11, R.163-4 et R.163-5 du Code forestier).
    Par ailleurs, en réserves biologiques des Morrières et de la Sainte-Baume, toute cueillette est interdite, même en petite quantité !
  • La vente de houx sauvage est interdite. Le commerçant doit prouver que le houx vendu provient bien d’une culture.

Alors, pour accompagner vos fêtes, rendez-vous plutôt chez votre pépiniériste ou votre fleuriste pour laisser le houx aux baies rouges, le gui aux baies blanches aux oiseaux qui en raffolent !

L’Ophrys mouche (Ophrys insectifera) est une nouvelle espèce pour le Parc naturel régional de la Sainte-Baume. C’est une orchidée plutôt commune en France mais cependant particulièrement rare, voire absente dans la zone méditerranéenne. Ainsi la trouver sur le Parc de la Sainte-Baume est une réelle surprise. Il est un bon exemple de mimétisme entre une fleur et son insecte pollinisateur spécifique, un hyménoptère du genre Argogorytes auquel l’orchidée ressemble étrangement. Son nom lui vient du latin « insecta » (= insecte) et « fero » (= je porte).

En savoir plus sur l’Ophrys mouche : nature.silene.eu/espece/110410

Ophrys insectifera © Thierry DARMUZEY – PNR Sainte-Baume

Une nouvelle population d’un escargot endémique découverte par Marin Marmier (CEN PACA) : le Maillot de la Sainte-Baume (Granaria stabilei anceyi), qui n’était connu que de la Sainte-Baume et de la Sainte-Victoire au monde, a été découvert au Mont Olympe, à Trets.

Plus d’informations sur le Maillot de la Sainte-Baume : nature.silene.eu/espece/162977

Granaria stabilei anceyi © Marin Marmier CEN-PACA

Le Pluvier guignard est un oiseau migrateur emblématique du massif de la Sainte-Baume ! Habitué des grands voyages, ce limicole va quitter l’Europe du nord où il passe l’été pour aller hiverner en Afrique (du Maghreb au Moyen-Orient). Sur le chemin (long parfois de 10 000 km), ces oiseaux ont besoin de s’arrêter pour reprendre des forces. C’est ainsi que l’on a l’occasion de les observer sur l’arc méditerranéen français, comme par exemple en Sainte-Baume. Ce rassemblement débute fin août et peut durer une à deux semaines. Il constitue un évènement immanquable pour nombre d’ornithologues locaux. Mais attention à ne pas les déranger en les nourrissant ou les touchant, car certains individus n’ont jamais rencontré d’être humain et peuvent donc être peu farouche et très curieux !

Pluvier guignard ©Antoine GUILLET

Le Tichodrome échelette est surnommé l’oiseau papillon, de par ses couleurs vives et ses ailes arrondies. Seul représentant mondial de la famille des Tichodromidae (du grec, « qui court sur les murs »), c’est un oiseau mythique pour beaucoup d’ornithologues qui, chaque année, essayent de l’observer ou le photographier. Ce passereau de 25 cm d’envergure est présent dans toutes les montagnes d’Europe occidental, entre 1000 et 3000 m d’altitude. Son milieu de vie de prédilection sont les parois rocheuses verticales, auquel il est complètement adapté : ses griffes sont longues et fines pour s’accrocher sur les rochers et dans les failles, et son bec est étroit et long pour attraper les insectes dans les anfractuosités de la roche. Il a pour habitude de descendre vers le sud pour passer un hiver plus clément. Et chaque année, plusieurs individus viennent poser leurs bagages en Sainte-Baume. Avec un peu de patience et de chance, peut-être que vous pourrez les observer juste à l’aplomb de la grotte Sainte Marie-Madeleine !

Tichodrome échelette © Frank DHERMAIN

Le Tichodrome n’est pas le seul oiseau à venir profiter de températures hivernales moins rudes qu’en montagne. Certains sont communs comme le Tarin des Aulnes, le Bec croisé des Sapins ou l’Accenteur alpin. D’autres sont rares comme le Crave à bec rouge, le Cassenoix moucheté ou le Merle à Plastron. Certains ne sont même plus observés depuis longtemps, comme le Bruant des neiges ou le Bouvreuil pivoine.

Crave à bec rouge © Jean-Claude TEMPIER – CEN PACA

Que vos observations naturalistes soient communes ou rarissimes, pensez à les valoriser avec des outils de sciences participatives https://www.faune-paca.org/ ou à consulter https://nature.silene.eu/ !

La Scille d’automne (Prospero autumnale) est une plante à bulbe de petite taille florissant de fin août à octobre sur notre territoire. Tout comme la Spiranthe, son nom fait référence à la saison qu’elle choisit pour fleurir. Elle se développe dans les milieux ouverts et ensoleillés, mais passe facilement inaperçue malgré la délicate couleur mauve de ses fleurs. Le nom de Scille vient du grec scullein signifiant « nuire » en référence à la grande toxicité de son bulbe, son nom scientifique de prospero vient quant à lui du latin prosperus « florissant, prospère ». Il existe de nombreuses espèces de scilles comme la scille à deux feuilles commune dans le centre et l’est de la France ou encore la scille printanière s’épanouissant dans les Pyrénées.

@ Benoît MILAN – PNR Sainte-Baume

La Spiranthe d’automne (Spiranthes spiralis) est la dernière orchidée de l’année à fleurir dans le sud de la France. Très discrète, son inflorescence en spirale caractéristique rend son identification aisée dans les pelouses rases et ensoleillées qu’elle affectionne. Mesurant de 10 à 30 cm de haut, les fauches tardives qui luttent contre l’embroussaillement et la fermeture des milieux naturels lui sont bénéfiques. C’est la seule orchidée de chez nous à réaliser ce cycle décalé, les autres connaissant pour la plupart une floraison printanière. En régression dans beaucoup de régions du fait de l’abandon du pâturage extensif, elle reste localement abondante en zone méditerranéenne.

© Benoît MILAN – PNR Sainte-Baume

La Cistude d’Europe (Emys orbicularis) est une tortue d’eau douce noire et tachetée de points jaune vif, difficile à apercevoir. Ses fortes griffes lui permettent de se déplacer aisément dans son habitat aquatique, mais également sur terre notamment lors de la période de ponte où elle peut être croisée au détour d’un sentier. Mesurant rarement plus de 20 centimètres, elle peut tout de même être visible à partir du mois de mars, période au cours de laquelle elle commence à prendre de longs bains de soleil pour augmenter sa température corporelle.

© Laura Albigès – PNR Sainte-Baume

Ce reptile, strictement protégé par la directive Habitats – Faune – Flore Natura 2000 et la convention de Berne en France et en Europe, affectionne particulièrement les zones humides comme les eaux stagnantes, les mares forestières, les cours d’eau et les rivières. Seulement deux noyaux de populations sont connus en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : en Camargue et dans le massif des Maures et de l’Estérel, mais le territoire du Parc naturel régional de la Sainte-Baume héberge quelques rares petites populations isolées.

Vulnérable et considérée comme étant l’une des espèces de reptiles les plus menacées d’Europe, la Cistude d’Europe doit faire face au changement climatique ainsi qu’aux nombreuses menaces anthropiques qui pèsent sur la préservation des zones humides, et c’est dans une optique de préservation de l’espèce que le Parc a entamé cette année une étude dans le cadre de Natura 2000 sur cette espèce peu commune.

https://youtu.be/ZxFmwCME2xg

Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) est un rapace emblématique de la famille des Falconidés. C’est le plus grand Faucon en France et aussi l’animal le plus rapide du monde : il peut atteindre selon certaines études plus de 300 km/h en piqué ! Sa technique de chasse est spectaculaire, il fond à toute vitesse, les serres en avant, sur ses proies (uniquement des oiseaux). La puissance du choc peut parfois tuer sur le coup la proie…

Après une longue absence selon les personnes locales, cela fait deux ans que trois couples sont présents pour leur période de reproduction sur le territoire du Parc naturel régional de la Sainte-Baume. Une excellente nouvelle pour l’espèce, qui a bien failli disparaitre dans les années 70 en France.

© Jean-Claude Tempier – CEN PACA

Pour assurer la tranquillité des couples durant leur phase de nidification, le Parc travaille en concertation avec les fédérations d’escalades pour assurer une conciliation des usages et une protection de cette espèce protégée.
Plus d’informations sur le site internet Natura 2000 http://sainte-baume.n2000.fr/

Le Grand-Duc d’Europe (Bubo bubo en latin) est le plus grand rapace nocturne d’Europe. Son envergure va de 150 à 188 cm et le mâle pèse jusqu’à 3 kg ! On le reconnait facilement à sa grande taille, ses yeux rouges-oranges et ses deux petites aigrettes noirs au-dessus des yeux (souvent prises à tort pour des oreilles).  Dès le mois d’octobre, les mâles recommencent à chanter pour signaler leur présence aux autres mâles, ce sont des chants territoriaux. Plus tard dans l’hiver, les mâles continueront de chanter mais cette fois-ci pour s’attirer les charmes des femelles, ce sont des chants nuptiaux.
© Jean-Claude Tempier – CEN PACA

Pour entendre ces Hoo-Hoo, placez-vous à l’orée d’une forêt ou sur un point haut au crépuscule et tendez l’oreille ! Plus d’infos sur cet oiseau mythique de la nuit sur : http://rapaces.lpo.fr/grand-duc/grand-duc-deurope

© Cédric Roy – CEN PACA

Une nouvelle espèce patrimoniale* pour la Sainte-Baume a été découverte par Cédric Roy (CEN PACA) dans le cadre des inventaires réalisés pour l’Atlas de biodiversité intercommunale de La Celle et La Roquebrussanne. Il est à noter qu’il s’agit également de la première mention de cette espèce pour le Var.

Mais de qui parle-t-on ? D’un petit escargot de 2mm de long, répondant au doux nom de Vertigo angustior, une espèce menacée et protégée par la directive Habitat-Faune-Flore (Natura 2000).

Suite à cette découverte, on peut supposer retrouver cette espèce dans les prairies humides, les bas-marais, les phragmitaies (plus communément nommées « roselières ») du Parc naturel régional de la Sainte-Baume. Naturalistes, à vos loupes !

* espèce protégée, menacée, rare ou ayant un intérêt scientifique ou symbolique

Sternbergia colchiciflora est une petite fleur de la famille des Narcisses ou des Amaryllis. Bien que ses feuilles caractéristiques apparaissent au début du printemps, elle ne fleurit qu’à l’automne… et pas chaque année.

© Thierry Darmuzey – PNR Sainte-Baume

Cette plante méditerranéenne a été découverte en France en 1933 par l’illustre botaniste Josias Braun-Blanquet. Mais, peut-être à cause de sa grande discrétion, elle n’était encore connue récemment que par trois petites populations de quelques dizaines de pieds chacune dans une seule commune de l’Hérault.

En 2013, M. Bernard REBAUDO découvre une station sur le territoire du Parc à Plan d’Aups Sainte-Baume. Suite à cette découverte, Jean-Paul DAUPHIN et Henri MICHAUD du Conservatoire botanique méditerranéen découvrent une deuxième station de cette plante rare à plus de deux kilomètres et, en 2017, Jean-Claude TEMPIER du CEN PACA offre la première mention des Bouches-du-Rhône de cette espèce et la troisième population du Parc à Gémenos. Juste à temps pour le remarquable « Atlas de la flore remarquable des Bouches-du-Rhône ».

Pour le commun des mortels, un arbre mort est bien quelque chose d’inutile, de triste ou de dangereux même. Autrefois on enseignait aux forestiers à éliminer les arbres morts ou dépérissant. Puis la science a permis de mieux comprendre le rôle écologique du bois mort dans le fonctionnement d’une forêt. Celle-ci paraît immobile et pourtant elle est le théâtre d’une intense activité biologique entre le sol et les plantes dont les arbres font partie. Le bois mort est un élément essentiel de la phase de recyclage dans les écosystèmes forestiers.

D’abord colonisé par moisissures et champignons ‒ qui se chargeront de digérer sa cellulose ‒, le bois mort est ensuite pris d’assaut par une ribambelle d’insectes xylophages. Plus en hauteur, les pics commenceront leur travail de martèlement, se nourrissant çà et là des larves, myriapodes et scolytes qui grouillent sous l’écorce. Les loges qu’ils créeront pour élever leur famille serviront plus tard aux chauves-souris arboricoles pour s’y blottir ou aux oiseaux cavernicoles pour y faire leurs nids ou y dormir. Une fois au sol, les décomposeurs finiront l’exercice commencé et ce seront larves de Rosalie des Alpes ou de Lucanes qui se mettront à l’œuvre.

L’arbre mort offre donc gîte et couvert à une foule d’êtres vivants, vitaux pour l’équilibre d’une forêt. Il n’est donc pas « une perte », mais au contraire un formidable garde-manger pour espèces forestières dont beaucoup sont menacées de disparition… C’est le cas en Sainte-Baume de l’Osmoderme ou Pique-prune et du Taupin violacé, très rares, dont les larves se développent dans les cavités d’arbres creux.

La gestion de ces arbres, fragiles et cassants, donc menaçants, fait l’objet d’une attention particulière de l’ONF et du Parc autour des sentiers de la réserve biologique de Plan d’Aups. Les arbres abattus ou élagués pour la sécurité des visiteurs sont auscultés dans leur capacité à profiter à ces espèces. C’est pourquoi vous trouvez de nombreux arbres « fantômes » ou morts laissés au sol. Mais comme le risque 0 n’existe pas en espace naturels soyez prudents et vigilants lors de vos balades dans la réserve pendant ou après un épisode de vent !

Limodore à feuilles avortées, Céphalanthère à feuilles étroites, Orchis pourpre, Ophrys bécasse, toutes ces fleurs aux formes et couleurs si différentes font partie d’une même famille : les orchidées sauvages. Une de leurs particularités est leur symbiose avec un champignon. Elles ont besoin de ce champignon, indispensable pour fournir les nutriments du sol aux graines dépourvues de réserves et permettre leur germination. C’est pour cette raison que les orchidées sont si sensibles à la pollution. Le printemps est le bon moment pour les observer.

Pour partager vos photos avec la communauté naturaliste, un site www.orchisauvage.fr et une application NaturaList.

Vous avez raté sa diffusion l’année dernière lors de la nuit de la chauve-souris, organisée dans le cadre de Natura 2000. Aujourd’hui, découvrez l’intimité d’une espèce en particulier, le Grand Rinolophe, en regardant le magnifique film réalisé par Tanguy Stoecklé et le Groupe Chiroptères de Provence. Le cinéaste a mis le film, en libre accès : https://www.youtube.com/watch?v=tNpSfanm1io&t=2s
Ces petits mammifères volants souffrent d’une terrible réputation. Pourtant ce sont des êtres-vivants fascinants et au rôle écologique essentiel ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les chauves-souris françaises ne sont pas dangereuses ! Le coronavirus responsable du Covid-19 chez les humains n’est pas présent chez les chauves-souris en France comme les coronavirus présents chez les humains ne sont pas transmissibles aux chauves-souris. Grandes consommatrices d’insectes, les chauves-souris peuvent consommer en une nuit près de la moitié de leur poids en mouches, moustiques, etc. Un insecticide naturel des plus efficaces…

Pour démêler le vrai du faux, rendez-vous sur https://www.sfepm.org/presentation-des-chauves-souris.html https://www.sfepm.org/…/files/inline-files/plaquettegp_0.pdf

Dans le cadre de l’animation du site Natura 2000 Massif de la Sainte-Baume, plusieurs études sont en cours cette année, dont une étude sur les chauves-souris. Initialement débutée en 2019, cette étude consiste en la recherche de gîte de reproduction de Barbastelle d’Europe et de Murin de Beschtein. Ces deux espèces sont connues pour être forestières (chassent en forêt) et arboricoles (gîtent dans des arbres pour la mise bas et l’élevage des jeunes). Ces deux espèces, rares et d’intérêt communautaires, représentent de forts enjeux de conservation sur el site Natura 2000, d’où la nécessité de mieux les connaitre.

Pour les étudier, le Parc a fait appel au bureau d’étude GéoEco, entreprise spécialisée dans l’étude des chauves-souris. Roland Jamaut, créateur de GéoEco, utilise pour cela une panoplie de matériel : détecteurs d’ultrasons, filet de capture, sonde GPS et même une caméra infra-rouge. Les sites d’études sont sur le versant nord de la montagne de la Sainte-Baume, plus frais et forestier que le versant sud et donc plus favorable à ces deux espèces (La Toulonnette, la réserve biologique de la Sainte-Baume, l’ENS du Petit Saint-Cassien, l’ENS de la Glacière de Gaudin). Les résultats de cette étude seront bientôt présentée sur le site internet Natura 2000 Sainte-Baume, qui permettront au Parc de mieux protéger ces espèces sensibles à l’exploitation forestière. »

Un Oreillard gris, attrapé dans un filet japonais lors de la capture de Barbastelles et de Murins (non capturés), en train d’être manipulé pour effectuer des mesures de son poids, longueur de ses ailes et de ses doigts. © Gaëtan AYACHE – PNR Sainte-Baume

M. Bernard Rebaudo, Henri Michaud du Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles (CBNM) et Yves Morvant, Président de l’Association « Les Amis du CBNMed » ont découvert deux nouvelles espèces sur la commune :

  • Ervilia loiseleurii (M. Bieberstein) H. Schaefer, Coulot & Rabaute – FABACEES

La Vesce de Loiseleur est une plante cryptique difficile à voir vu sa petite taille et son habitat de pelouses en herbes, situé à la lisière de bois et parfois en sous-bois. Cette espèce signalée par B. Rebaudo en mai 2021 a été confirmée sur les bords d’un sentier aux Béguines début juin. Entre 50 et 100 pieds de cette espèce ont été dénombrés à ce jour.

  • Cotoneaster nebrodensis Guss – ROSACEES

Le Cotonéaster de l’Atlas est un arbuste de 2 à 3m de haut, localisé sur les corniches rocheuses calcaires. Connu sur la Sainte-Victoire et le Mont Aurélien, il n’avait jamais été observé sur le massif de la Sainte-Baume. Une dizaine de pieds ont été observés en fleurs au Bau des Béguines début juin 2021.

Une autre plante signalée il y a très longtemps, l’Aristolochia pallida, Aristoloche pâle, a été confirmée dans les sous-bois des Béguines. Ces observations ont de quoi réjouir les naturalistes.

Votre navigateur est dépassé !

Mettez à jour votre navigateur pour voir ce site internet correctement. Mettre à jour mon navigateur

×