Depuis la haute antiquité, la Sainte-Baume est considérée comme un lieu unique et hors du temps. Pour les tribus celtiques en premier lieu, la forêt de la Sainte-Baume était un nemeton, c’est-à-dire un bois sacré, une portion de ciel descendue sur terre qui servait de lieu de culte à l’écart du groupe social dont il était le complément spirituel. Le poète Lucain dans son œuvre “La Pharsale” nous brosse le tableau étonnant d’un de ces nemeton gaulois près de Marseille, qui évoque certainement la forêt de la Sainte-Baume. L’objectif de Lucain est alors de remplir d’effroi le lecteur afin de justifier la profanation de la forêt par César :
« Il y avait un bois sacré, qui, depuis un âge très reculé, n’avait jamais été profané, il entourait de ses rameaux entrelacés un air ténébreux et des ombres glacées, impénétrables au soleil. Il n’est point occupé par les Pans, habitants des campagnes, les Sylvains maîtres des forêts ou les Nymphes, mais par des sanctuaires de dieux aux rites barbares ; des autels sont dressés sur des tertres sinistres et tous les arbres sont purifiés par le sang humain… »
Lucain, La Pharsale, 1er siècle
Les arbres qui faisaient l’objet de culte étaient souvent dégagés pour être offerts à la dévotion des fidèles. La forêt était le royaume des divinités, quiconque posait la main sur ces bois devait le payer de sa vie. Aujourd’hui, le rapport que nous entretenons aux arbres et à la nature trouve écho à ces cultes anciens par l’entremise des bains de forêt et du mouvement plus large de retour à la nature.
La forêt de la Sainte-Baume se prête tout particulièrement à ces pratiques, dans le sens où elle a fait l’objet de protection depuis plus des siècles, par les Celtes dans un premier temps mais également par les comtes de Provence et les rois de France sous l’égide de la présence de Marie-Madeleine. Aujourd’hui, c’est le label Forêt d’Exception® et le statut de réserve biologique qui en assure la pérennité. Héritière de cette histoire riche et ancienne, la forêt offre au visiteur un espace rare et unique où nature et spiritualité s’entremêlent pour offrir un tableau vibrant.
Venir en forêt de la Sainte-Baume équivaut alors à faire un voyage dans le temps, à renouer les liens avec une nature originelle, lointain écho de celle que connaissaient et révéraient nos ancêtres. Se promener sous ses frondaisons séculaires offre une expérience inédite et sensible, tant cette forêt correspond à l’imaginaire de la forêt inviolée et sauvage. Il n’est pas d’effort à faire pour ressentir l’histoire des lieux, pour s’immerger dans le temps du mythe.