Un site sacré attesté depuis la préhistoire
Avant l’Âge du bronze, l’Homme se contente des grottes néolithiques pour s’abriter. Puis, les peuplades celtes et ligures semblent se réfugier davantage sur des sites perchés sommairement aménagés, les oppida. Les Celtes tiennent alors leurs cultes dans les grottes qu’ils considèrent comme des lieux sacrés et qu’ils ornent de peintures rupestres : gorges du Caramy et Baume Saint-Michel à Mazaugues, abris de la Toulousane à Évenos, grotte Alain à Tourves, bergerie des Maigres à Signes dont l’utilisation de la grotte adjacente est datée de 3500 av J-C.
En 600 av JC est fondée par les Phocéens la cité de Massalia, première colonie grecque en France et future ville de Marseille. La Sainte-Baume est déjà considérée par les Grecs comme une montagne sacrée où se perpétuent de nombreux cultes de la fertilité liés à Artémis d’Ephèse et à la déesse Isis.
Dans son poème épique La Pharsale, Lucain relate le siège de Marseille dans le contexte de la guerre civile qui oppose César à Pompée. Il décrit alors un bois sacré révéré par les Celtes, dont la localisation n’est pas précise, mais qui correspond à la forêt de la Sainte-Baume. Les cultes celtes des arbres et de la forêt sont encore vivaces à cette époque et profaner cette forêt sacrée est considéré comme un véritable sacrilège envers les dieux.
La tradition des Saints de Provence
En 1266, Jacques de Voragine rédige la légende dorée et couche ainsi par écrit une ancienne légende provençale. Selon cette tradition séculaire, un petit groupe de disciples de Jésus aurait fui la persécution d’Hérode et fut condamné à être jeté dans une barque sans voile ni rame. À son bord, Marie-Madeleine, sa sœur Marthe, Lazare le ressuscité, Marie Jacobé, Marie Salomé, Sidoine et Maximin, aidés par la providence divine, purent accoster en Camargue aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Le groupe se divisa alors, Marie-Madeleine, en compagnie de Maximin, part évangéliser la Provence et en particulier la ville de Marseille. Son devoir accompli, elle se retire dans le recueillement et la prière dans la grotte de la Sainte-Baume tandis que Maximin rejoint la ville qui porte désormais son nom. Selon la tradition, elle passe les trente dernières années de sa vie dans la grotte sacrée, portée plusieurs fois par jour jusqu’au Saint Pilon par les anges qui l’entourent de leurs chœurs célestes.
La découverte des reliques
En décembre 1279, Charles II d’Anjou, comte de Provence et neveu du roi Saint Louis met à jour le tombeau de Marie-Madeleine. Il en émane aussitôt une forte odeur de parfum « comme si on eut ouvert un magasin d’essences les plus aromatiques », preuve jugée incontestable de la découverte d’un corps saint.
Aussitôt, Charles II fait poser des sceaux et referme le tombeau sans l’explorer davantage afin de s’assurer de toutes les formalités nécessaires pour garantir l’authenticité des reliques. Il convoque alors en grande pompe tous les évêques de Provence pour venir assister à la découverte du corps de la Sainte. C’est le début de l’un des pèlerinages les plus renommés du monde occidental, qui atteindra son âge d’or sous le règne de Louis XIV et perdure encore aujourd’hui.