Identification des forêts anciennes et évaluation de leurs potentialités écologiques

La diversité des essences forestières et les différents modes de traitements sylvicoles (futaie, taillis) font des peuplements forestiers, des habitats favorables à une biodiversité diversifiée. Avec sa surface foliaire et son système racinaire, la forêt joue également un rôle majeur dans la régulation des cycles de l’eau et du carbone. L’identification des forêts à forts enjeux de biodiversité, avérés ou potentiels, permet d’améliorer nos connaissances afin d’adopter des pratiques de gestion forestière favorables au maintien de cette fonction essentielle des espaces forestiers.

Connaître les peuplements à enjeux environnementaux pour mieux les gérer

C’est dans le cadre de l’élaboration du manuel paysager et environnemental de la gestion forestière, que le Parc a lancé cette action d’identification des zones à fort potentiel de biodiversité au sein des forêts du territoire susceptibles d’être exploitées. Camille Gaudé, stagiaire en Master 2, a donc travaillé pendant six mois au sein du Parc avec pour objectif d’apporter des connaissances particulières en termes d’enjeux environnementaux afin de mieux les prendre en compte dans les actions de gestion forestière (coupes et travaux forestiers notamment).

Identifier les forêts dites « anciennes »

Une forêt ancienne est un espace forestier qui a été boisé sur une période continue d’au moins 150 ans. L’âge des peuplements, leur composition et les modes de gestion qui ont été pratiqués n’entrent pas en compte dans la définition de l’ancienneté. Ainsi, des peuplements de jeunes taillis peuvent être des forêts anciennes, tant qu’ils occupent l’espace depuis plus de 150 ans et à l’inverse des peuplements âgés ne sont pas forcément des forêts anciennes.

Pour identifier ces forêts anciennes, la première étape a été de numériser les cartes d’État-Major (1861) afin de pouvoir analyser le taux de surface forestière au 19ème siècle et le comparer aux données actuelles (BD Forêt V2 de l’IGN).

La comparaison des deux cartes a permis d’identifier 44 800 ha de forêts anciennes sur le périmètre du Parc. Elle a également permis de mettre en évidence l’augmentation de la surface forestière sur ce périmètre (+ 15 %) :

  • 50 700 ha d’espaces forestiers au 19ème siècle
  • 63 300 ha en 2014

 

Évaluer la naturalité des forêts

La seconde étape de l’étude consistait à évaluer la naturalité d’un panel de peuplements      pouvant contribuer à une trame de « vieux bois » pour le Parc, grâce à un protocole développé par le WWF. Une zone d’échantillon a été définie pour récolter des données devant permettre d’alimenter le manuel paysager et environnemental de la gestion forestière.

Deux types de critères ont donc été définis pour caractériser cet échantillon :

  • des critères de priorisation (ancienneté des forêts, type de peuplement, volume de bois estimé)
  • des critères d’exclusion (topographie, forêts bénéficiant de protections règlementaires, forêts incendiées après 1958)

 

 

L’application de ces critères aux 44 900 ha de forêts anciennes déterminés lors de la première étape a permis d’identifier une zone d’échantillon de 6 500 ha sur laquelle le choix des placettes a pu être opéré.

Sur les 93 placettes programmées, 46 ont pu réellement être inventoriées (77 ha). Les impossibilités d’inventaires sur les parcelles restantes s’expliquent par :

  • une inaccessibilité de la placette (propriété privée, broussailles trop nombreuses, topographie)
  • une Placette inintéressante pour l’étude (jeune taillis, forêt récente, homogénéité des secteurs, coupe rase)

Déterminer les indices de naturalité des peuplements inventoriés

Le protocole développé par le WWF et appliqué par les Parcs du Luberon et du Ventoux dans le cadre d’identification de leurs trames de “vieux bois”, a permis d’évaluer la valeur environnementale des peuplements par l’attribution de notes selon différents critères (diversité spécifique, patrimonialité, complexité structurale, présence de micro-habitats, indigénat, continuité spatiale, ancienneté et empreinte humaine).

Pour l’ensemble des 46 placettes inventoriées, l’indice moyen de naturalité calculé s’élève à 6,21/10 (avec un minima à 4,5/10 et un maxima à 7,8). Une analyse plus poussée a ensuite permis de constituer cinq groupes distincts en fonction de l’indice de naturalité des échantillons.

 

Conclusion & perspectives de l’étude

La plupart des forêts inventoriées ont un bon potentiel de biodiversité, mis à part les sites du groupe 0 qui représentent la limite de la méthode d’échantillonnage.

Avec les forêts classées en réserves biologiques et les forêts de pentes inaccessibles, elles constituent les réservoirs de biodiversité forestière les plus propices à la mise en place d’une trame de vieux bois à intégrer dans une gestion durable des forêts.

Il est néanmoins nécessaire de toujours prendre ces indices avec précaution, la naturalité étant un concept difficile à mesurer et quantifier d’où le terme choisi d’évaluation.

Ces données seront donc à compléter et affiner grâce à plusieurs autres campagnes d’inventaire à conduire sur les 38 500 ha de forêts anciennes du territoire restants.

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