Un haut lieu du compagnonnage

© Florent Bio

La légende des trois fondateurs du compagnonnage

Selon la triple origine légendaire, Maître Jacques, qui se serait réfugié en Sainte-Baume à son retour de Jérusalem, est avec le père Soubise et le roi Salomon l’un des fondateurs du compagnonnage. La légende dit ainsi que la Sainte-Baume abriterait son tombeau.


« Lis aubre de la Santo-Baumo
D’un inmourtau bouquet de paumo
Souloumbraran toun cros, e de veneracioun…
Aqui, despièi, en remembranço
De ta darriero demouranço,
Li Coumpagnoun dóu Tour de Franço,
Pèr querre si coulour, vendran en proucessioun !.., »

CALENDAU, CANT VIII.

« Les arbres de la Sainte-Baume,
D’un immortel bouquet de palmes
Et de vénération, ombrageront ta tombe…
Et là, depuis, en souvenir 
De ton dernier séjour,
Les Compagnons du Tour de France
Pour chercher leurs couleurs viendront en procession ! …
»

Frédéric Mistral, Calendau, (Calendal -1867)

Le blason du métier, soutenu par les trois fondateurs légendaires, est la première marque de la couleur. Elle symbolise l’entrée du jeune apprenti, dit Aspirant du Devoir, au sein de la grande famille ouvrière de la profession choisie. La couleur est un ruban de velours porté en écharpe par l’Aspirant et le Compagnon, tout au long de sa formation professionnelle et humaine. Une couleur de ruban spécifique à chaque métier permet de les distinguer : rouge pour les métiers du fer, bleue pour les métiers du bois… Les couleurs les plus connues sont celles dites de la Sainte-Baume. Les scènes imprimées dans la soie, entre des rouleaux gravés, se rapportent à la tradition de Marie-Madeleine.

Marie-Madeleine : patronne des Compagnons du Devoir

Le compagnonnage est un mouvement ouvrier, basé sur la transmission du savoir et la solidarité entre ses membres. Il a pour patronne Marie-Madeleine, témoin le plus pur et le plus originel de ce chemin des compagnons, dont le sceau est frappé à l’extrémité de sa couleur, portant l’inscription latine Noli me tangere. La vie de la Sainte illustre le parcours du jeune Aspirant, préfigurant ainsi son long perfectionnement, son labeur, son apprentissage acquis par le voyage, les rencontres, la vie en communauté qui le conduisent à terme à s’élever et à se dépasser.

Mis en place dès le Moyen Âge, le « Tour de France », période de formation en itinérance, conduit les pas des apprentis en Sainte-Baume. Ultime étape de son pèlerinage, la grotte Sainte Marie-Madeleine, est un lieu unique où le Compagnon conclut spirituellement sa lente et persévérante initiation auprès de sa Sainte patronne. Un livre de passage, tenu aujourd’hui par les Dominicains, permet à chaque Compagnon d’inscrire sa venue. Le livre de passage de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, tenu entre 1840 et 1921, témoigne quant à lui de la signature de 2961 Compagnons appartenant à 29 corps de métiers.  Certains Compagnons inscrivent également leur ascension en gravant patronyme, date de passage, compas, triangle ou fer à cheval sur le socle des oratoires.

Les réalisations et œuvres compagnonniques en Sainte-Baume

De nos jours, cette formation produit encore des professionnels reconnus pour leur savoir-faire. Depuis 2010, le Compagnonnage est inscrit à l’inventaire culturel immatériel de la France par l’UNESCO. Il existe aujourd’hui trois familles de compagnons issues des anciennes traditions :

  • L’Association ouvrière des Compagnons fondée en 1941
  • La Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment née en 1952
  • L’Union Compagnonnique créée en 1889

A l’occasion de leurs travaux, les Compagnons ont contribué à la création et à la sauvegarde de plusieurs édifices de la Sainte-Baume comme par exemple:

  • Les vitraux réalisés à la grotte entre 1977 et 1983 par Pierre Petit, compagnon vitrier des Devoirs Unis illustrent les scènes de la vie de Marie-Madeleine et la tradition provençale qui lui est attachée.
  • Les jeunes itinérants de l’association ouvrière ont participé aux travaux de remplacement des portes de la Grotte en 2002, à la réhabilitation de la chapelle des Parisiens avec sa couverture en bardeau en 2008 et à la réfection de quatre oratoires sur le chemin des Roys en 2009.
  • En 2012, les compagnons tailleurs de pierre des Devoirs Unis ont érigé un obélisque en pierre gravée au départ du chemin du Canapé.
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