En septembre 2018, la Sainte-Baume est devenue la dixième forêt française à se voir décerner le label Forêt d’exception®. Sur les dix-sept forêts engagées dans la démarche, treize forêts sont actuellement labellisées : Fontainebleau, Verdun, la Grande Chartreuse, Rouen, Montagne de Reims, Bercé, Bassin d’Arcachon, Val Suzon, Tronçais, Sainte-Baume, Boscodon, Aigoual et Volcans de Martinique.
Ce label, créé en 2007 par l’Office national des forêts a pour objectif de constituer un réseau de forêts de référence en matière de gestion durable du patrimoine forestier, en prenant en considération l’ensemble des caractères multifonctionnels liés à la forêt : production de biens et de services, protection des écosystèmes et accueil du public. Il est attribué pour une période renouvelable de cinq ans.
Il ne s’agit pas d’une démarche de protection réglementaire, mais d’une large concertation avec tous les partenaires d’un territoire associés à une forêt domaniale pour le partage de l’espace forestier et l’équilibre entre ses différentes fonctions, qu’elles soient économiques, sociales ou environnementales. Les Forêts d’exceptions® se distinguent par leur gestion exemplaire et sont reconnues pour leur patrimoine unique en termes d’Histoire, de paysages, de biodiversité ou de bois de grande valeur.
Mise en place de la démarche Forêt d’Exception® en Sainte-Baume
La démarche « Sainte-Baume, Forêt d’Exception® » a pour objectif de préserver, développer et mettre en valeur le patrimoine naturel, culturel et historique du site, tout en permettant la poursuite et le développement d’une production, conformément à l’aménagement forestier en vigueur.
Elle a tout spécialement vocation à s’intéresser aux orientations stratégiques suivantes :
- valoriser les conditions d’accueil du public
- améliorer la connaissance du patrimoine naturel et culturel, sa préservation et sa mise en valeur
- développer les liens entre la forêt et le territoire, en premier lieu en termes de communication
- partager les connaissances entre les acteurs.
- 2076 ha forestiers composés de Hêtres, Ifs, Houx, Érables à feuilles d’obier, …
- 130 ha de hêtraie relictuelle qui accueille annuellement près de 500 000 visiteurs
- 5 communes concernées : Nans-les-Pins, Plan d’Aups Sainte-Baume, Riboux, Rougiers, Saint-Zacharie
- Autres acteurs engagés dans la démarche : la Sous-préfecture de Brignoles, la Région Sud, le Département du Var, les Frères Dominicains, l’ONF et le Parc naturel régional de la Sainte-Baume
Parmi les 45 000 hectares répartis dans les départements du Var et des Bouches-du-Rhône, la forêt domaniale couvre un peu plus de 2 000 hectares longuement préservés grâce à la protection des rois de France depuis le XIème siècle.
Une forêt sacrée, cathédrale végétale
Au pied de la montagne, cette forêt moussue et humide, lumineuse et sombre, apparaît tour à tour mystérieuse et inquiétante. Elle profite d’un microclimat favorable à la présence étonnante de certaines essences d’arbres en contexte méditerranéen. Ainsi, d’étroits sentiers s’enfoncent dans les sous-bois d’Ifs et dans les hêtraies et chênaies aux arbres majestueux et remarquables par leur dimension, leur histoire, leur âge vénérable et les légendes qui y sont liées. Un lieu ponctué d’arbres pluricentenaires où souffle l’esprit.
La Sainte-Baume, un des châteaux d’eau du Var
L’eau est omniprésente dans le massif de la Sainte–Baume qui est parcouru par un large réseau hydrographique complexe de type karstique. Les nombreuses rivières souterraines qui le parcourent en font l’un des châteaux d’eau de la basse Provence !
Cette eau se retrouve partout dans la forêt de la Sainte-Baume. Soit de manière temporaire avec le lac de la Tourne, soit de manière pérenne avec les nombreuses sources, fontaines ou encore les réseaux d’étangs et de canaux de la Taurelle.
Les nombreuses grottes, résurgences, poljé de la Grande Tourne et l’inondation de la plaine agricole lors des fortes pluies, les délicates formations de tufs de la source de l’Huveaune (fleuve côtier méditerranéen) mais aussi la mousse sur les arbres et les pierres en forêt sont autant de signes de la présence de l’eau et de l’humidité en forêt domaniale.
La Sainte-Baume, haut lieu de la diversité écologique
Comme une oasis dans le paysage méditerranéen local, cette forêt abrite une diversité écologique exceptionnelle.
Les peuplements forestiers et la flore associée, sont des souvenirs de la végétation préalpine au cœur même de la Provence. C’est le site le plus méridional de la région Sud où l’on rencontre le Hêtre.
Les bois morts ou dépérissant constituent un refuge pour certaines espèces remarquables et protégées telles que le Grand Capricorne, la Rosalie des Alpes, le Lucane cerf-volant, le Taupin violacé et le Pique-prune, coléoptères saproxyliques.
Les arbres creux de la hêtraie relictuelle sont nécessaires à l’alimentation et à la nidification d’oiseaux comme le Pic noir, ainsi que des rapaces nocturnes et passereaux. Ces arbres sont aussi le gîte de certaines espèces de chauve-souris (toutes protégées) telles que le Murin de Beschtein présent dans le vallon de la Castelette.
À côté de la hêtraie mature, la forêt domaniale abrite également des bois d’If provençal, des habitats travertin et dépôts de tufs (vallon de Castellette), de nombreuses grottes, des pelouses steppiques et une des stations les plus septentrionales de la Sabline de Provence. De nombreuses espèces végétales et animales protégées ou patrimoniales et onze habitats d’intérêt communautaire (directive Habitats européenne) sont présents.
Une forêt, empreinte de spiritualité
Le caractère sacré de la montagne remonte à des temps très anciens. Les Ligures, les Grecs et les Romains y voyaient déjà un lieu habité par les déesses de la fécondité Cybèle ou Artémis.
Depuis le XIe siècle, le site est un haut lieu de la chrétienté. De nombreux pèlerins, personnages illustres (Louis XIV, Anne d’Autriche, Catherine de Médicis et François 1er ou simples anonymes s’y sont rendus.
Selon la légende, Marie-Madeleine, disciple de Jésus, vint s’y retirer après avoir évangélisé la Provence. Elle s’installa dans la grotte située au pied de la falaise pour les trente dernières années de sa vie. Ce récit serait à l’origine de l’appellation « Sainte-Baume », baumo signifiant grotte en provençal. Située à 900 m d’altitude, juste au-dessus de la forêt, elle est devenue un sanctuaire chrétien. Aujourd’hui encore, la grotte suscite l’intérêt et accueille de nombreux visiteurs.
En forêt domaniale ou limitrophe, les marques du sacré sont nombreuses : la chapelle des Parisiens, la chapelle du Saint-Pilon, le Chemin des Roys, les oratoires et, nichée au milieu de plateau agricole et au cœur de la forêt domaniale, l’enclave de l’Hôtellerie, propriété des Frères Dominicains, qui y accueillent toute l’année pèlerins et visiteurs.
Ces monuments font pour la plupart l’objet d‘une protection des Monuments historiques.
Une invitation à l’imaginaire et au rêve
Chaque tronc, chaque souche et chaque branche peuvent être le support d’une histoire particulière, d’une légende ou l’abri d’un être magique. Il suffit d’un peu d’imagination ou de se laisser conter les fabuleuses histoires du site…
Lieu de légende, site de pèlerinage de la tradition chrétienne, monument naturel d’une grande beauté et riche en biodiversité, le massif de la Sainte-Baume est l’un des sites les plus attractifs et les plus fréquentés de la région Sud.
Entre le Var et les Bouches-du-Rhône, la forêt domaniale accueille des visiteurs des villes proches comme Marseille ou Aix-en-Provence, mais aussi des pèlerins venus du monde entier pour se recueillir dans la grotte de Sainte-Marie-Madeleine.
La fréquentation du public est importante, à titre individuel ou collectif, en promenades pédestres, cyclistes ou équestres, pour découvrir le patrimoine naturel et culturel.
Cette notoriété entraîne ponctuellement des soucis de surfréquentation. La gestion du public doit permettre de préserver le site et sa biodiversité.
Les différents statuts de reconnaissance du patrimoine
Outre le régime forestier, qui constitue à lui-seul un statut de protection important, la forêt domaniale est concernée par plusieurs statuts particuliers :
- espaces boisés classés pour la grande majorité – seules la zone agricole proche de l’Hôtellerie, ainsi qu’une partie du domaine de la Taurelle, ne bénéficient pas de cette protection
- un site inscrit pour partie au titre des paysages depuis 1945
- une réserve biologique dirigée depuis 1982
- les oratoires et chapelles inscrits sur la liste des monuments historiques
- un site Natura 2000 Massif de la Sainte-Baume (2.169 ha) doté d’un document d‘objectifs (dont l’animateur est le futur Parc naturel régional de la Sainte-Baume)
- trois zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF)
Au-delà de la forêt domaniale et à l’échelle d’un territoire plus vaste, afin de concilier la diversité de ces enjeux et attentes, le Parc naturel régional de la Sainte-Baume a vu le jour le 20 décembre 2017, concrétisant ainsi la volonté des élus et associations de travailler ensemble.