Une présence et patrimoine religieux riches et abondant

© Hervé Duclos

XIIe siècle, la construction d’édifices religieux majeurs

L’abbaye de Saint-Victor est une ancienne abbaye fondée à Marseille au début du Ve siècle par Cassien. Durant tout le Moyen Âge, elle étendit son influence bien au-delà des limites de la Provence. Au XIe siècle, l’abbaye de Saint-Victor, parallèlement à l’avènement des croisades et à la revivification du pouvoir d’attraction de l’Église, devient le centre de la réforme grégorienne des régions méridionales. Les deux cartulaires, dits le « grand cartulaire » (fin Xe siècle, 817 chartes) et « petit cartulaire » (milieu XIIIe siècle, 230 chartes), produits par les moines sont des précieux registres manuscrits dans lesquels recopiés en chartes, leurs titres et privilèges étaient reconnus.

En Sainte-Baume, sous l’impulsion de cette puissante abbaye, de nombreux édifices religieux sont bâtis entre le XIe et XIIe siècle. L’église romane Saint-Jacques le Majeur (Jaume en provençal) du Plan d’Aups, qui aurait été fondée par des religieuses cassianites et l’abbaye de La Celle anciennement rattachée à Brignoles et obtenue par donation, comptent parmi les grands ouvrages architecturaux. Sur le site de l’abbaye de La Celle, les moines avaient alors érigé un double prieuré. Les hommes avaient leurs bâtiments desservant l’église Sainte-Perpétue et les moniales, quant à elles, utilisaient l’église Sainte-Marie. Au XIIIe siècle, le monastère devient une influente fondation féminine avec plus d’une centaine de Bénédictines issues de familles aristocratiques du sud de la France.

Le rayonnement de Saint-Victor se poursuit, quand en 1137, d’un commun accord entre Raimond, moine cassianite de l’abbaye de Saint-Victor et Évêque de Marseille, et Guillaume, Évêque de Toulon, est décidé la construction de la Chartreuse de Montrieux, affilée à l’ordre Cartusien. Elle devient chronologiquement la huitième Maison de l’Ordre. Un petit groupe de cinq Chartreux viennent alors dans les lieux pour y établir leur ermitage. Quelques années plus tard, bâtie au cœur de la forêt de Saint-Pons, à Gémenos, une abbaye de moniales cisterciennes voit le jour. La présence de la rivière, le Fauge, est déterminant dans l’emplacement de la construction et contribuera au développement économique de la commune.

Les grands pèlerinages jusqu’à la grotte sacrée

Le contexte historique du Moyen Âge favorise l’essor d’une fréquentation rituelle à la Sainte-Baume. Suite à la mise à jour du sarcophage attribué à Marie-Madeleine, Charles II d’Anjou entreprend la construction de la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, aujourd’hui considérée comme le « Troisième tombeau de la chrétienté », afin d’y enfermer les reliques de la Sainte. En 1295, sur décision du pape Boniface VIII, les frères dominicains s’établissent à Saint-Maximin et à Plan d’Aups, devenant ainsi les gardiens des lieux.

C’est à partir du XIIIe siècle que le pèlerinage jusqu’à la grotte sacrée va prendre de l’ampleur. Le chemin des Roys est baptisé ainsi en souvenir des quelques quarante souverains et personnages célèbres s’y étant rendus en pèlerinage, en provenance de Saint-Maximin. Parmi ceux-ci, on peut noter Saint Louis, Louis XI, François Ier, Louis XIII, Louis XIV, Charles IV et la reine Marie Christine d’Espagne, les papes d’Avignon, Frédéric Mistral ou encore Charles de Foucault. En 1516, les constats faits par François Ier, portant sur l’état de délabrement du sanctuaire et de ses dépendances, incitent l’archevêque d’Arles et d’Aix à entreprendre l’édification de sept oratoires sur le chemin des Roys. De Nans au Saint-Pilon, les sept autels aux bas-reliefs sont peints ou sculptés des scènes de la vie de Marie-Madeleine.

Les pèlerins affluaient également par l’ouest et le sud du massif en empruntant les chemins de foi, au départ du prieuré Saint-Jean de Garguier à Gémenos, de la chapelle Notre Dame du Beausset-Vieux et également au départ de la chapelle de Saint-Antoine-de Padoue à Cuges-les-Pins.

Les chapelles, les saints et leurs reliques

Plusieurs chapelles de la Sainte-Baume possèdent des collections d’ex-votos très anciens. On inventorie 295 ex-votos classés à la chapelle de Saint-Jean de Garguier (dont certains datent du XVe siècle), 80 à la chapelle du Beausset-Vieux, une cinquantaine à la chapelle Notre-Dame de Méounes (dont un de 1686). D’autres sites renferment des reliques donnant lieu à des déplacements populaires, comme l’église de l’Assomption de Saint-Zacharie (Lou San Sabatoun ou soulier de la Vierge), la chapelle Saint-Antoine-de Padoue de Cuges-les-Pins (fragment du crâne de Saint-Antoine de Padoue), sans compter celles de Saint-Louis d’Anjou à Brignoles et Marie-Madeleine à Saint-Maximin.

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