Mardi, les congressistes et journalistes ont été accueillis dans la forêt domaniale de la Sainte-Baume par le Parc et l’Office national des forêts pour découvrir cet écosystème unique, les recherches scientifiques qui s’y déroulent, ainsi que l’histoire de ces lieux.
- Daniel Vallauri, membre du Conseil scientifique du #pnrsaintebaume a introduit cette journée en présentant cette forêt d’exception® qu’est la forêt domaniale de la Sainte-Baume – “Une hêtraie rare en Provence et unique à ces altitudes”. C’est une vieille forêt qui présente un grand intérêt écologique tant par ses essences que par la présence de bois mort – qui est indispensable pour près de 30% de la biodiversité forestière… Certaines des espèces qu’abritent cette forêt ne se retrouvent pas à 100 km à la ronde !
- Brigitte Talon, pédoanthracologue à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) a ensuite présenté les études sur les charbons de bois qu’elle a mené avec ses étudiants. La présence de certains arbres remonte à au moins 8 000 ans ! Le Hêtre et le Chêne étaient présents et associés ici depuis longtemps, avant même l’arrivée des Romains en Gaule.
- Brigitte Musch, généticienne au département recherche et développement de l’Office national des forêts, a quant à elle présenté le projet Giono, une expérimentation sur la migration assistée des arbres à partir d’unités conservatoires disséminées dans toute la France. Des graines de Hêtre sont prélevées ici, mises à germer dans une pépinière en Loire-Atlantique et plantées en forêt de Verdun. Cette démarche vise à lutter contre la disparition de peuplements menacés par les changements globaux. Elle a souligné l’importance de la conservation génétique des espèces comme l’un des principaux piliers de la biodiversité.
- Alexis Ducousso, ingénieur de recherches à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et Ivan Scotti, directeur de recherche à l’unité Recherche écologie et évolution des écosystèmes continentaux faiblement anthropisés (ECOFA), soulignent également l’importance des processus génétiques pour l’adaptation des espèces et des milieux face aux changements globaux. Ces recherches ont grandement progressé depuis l’époque de Darwin. On sait maintenant que ce sont des processus beaucoup plus complexes que ce que l’on pensait qui permettent des réponses adaptatives des individus face aux changements environnementaux. Ils ont également rappelé l’importance des disséminateurs pour la régénération de cet écosystème, alors que nombre de ces espèces sont généralement en voie de disparition ou considérées comme nuisibles.
- Isabelle Arlery, guide conférencière du pays d’Art et d’Histoire de la Provence Verte, a ponctué ces discours scientifiques en présentant l’histoire culturelle et cultuelle de cette forêt sacrée déjà protégée à l’époque celte, puis par les Rois, les Papes et les Comtes de Provence du fait de la présence du sanctuaire dédié à Marie Madeleine. Des cultes de fécondité sont encore aujourd’hui très présents dans ces lieux empreints de spiritualité.
Parc naturel régional, Site Natura 2000, projet d’extension de la réserve biologique et unité conservatoire du Hêtre, la forêt de la Sainte-Baume est un lieu unique qu’il est important de préserver tant d’un point de vue écologique que spirituel.