Le congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), organisé à Marseille du 3 au 11 septembre 2021, a encore fait le constat d’une érosion de la biodiversité, or « Dans notre monde actuel en évolution rapide, la diversité génétique est essentielle pour rendre nos cultures résilientes face aux changements climatiques. Nous avons besoin de la biodiversité pour assurer des moyens de subsistance et la sécurité alimentaire durables pour la population mondiale croissante », comme l’a déclaré le Directeur général de l’UICN, Dr Bruno Oberle.
Les mesures de protection comme les Parcs nationaux, Grands Sites, Sites Natura 2000, Parcs naturels régionaux sont une réponse à cette perte de biodiversité mais leur efficacité dépend aussi de la capacité des espèces à se déplacer pour permettre les brassages génétiques et les interactions nécessaires à leur évolution et leur adaptation à leur environnement.
Dans cet environnement, les perturbations anthropiques modifient les structures paysagères et les habitats des espèces. Le processus de fragmentation d’un paysage engendre une disparition de l’habitat qui va s’organiser sous la forme d’un réseau de « noyaux d’habitats » favorables aux espèces de plus en plus isolés et petits, reliés entre eux par des liens plus ou moins favorables aux mouvements des individus. Les effets de la fragmentation varient selon les exigences spécifiques des espèces. La réponse d’une espèce à la perte d’un habitat dépend de deux paramètres : l’utilisation des ressources disponibles dans cet habitat et la répartition spatiale des habitats utilisés (Fahrig, 2003). D’autre part, la fragmentation d’un paysage, lorsqu’elle est concomitante avec l’apparition de barrières écologiques, réduit sa perméabilité, ce qui limite ou rend impossible tout flux naturel et biologique entre les nœuds (flux d’individus d’une espèce donnée, flux de gènes, dissémination de graines…). C’est pourquoi la capacité des éléments du paysage à favoriser ces flux, appelée communément « connectivité du paysage », est fondamentale pour garantir la stabilité des populations animales ou végétales.
L’étude initiée en 2019 par le Parc naturel régional de la Sainte-Baume, le Parc national des Calanques et la Métropole d’Aix-Marseille-Provence, gestionnaire du Grand Site Sainte-Victoire et du site Natura 2000 Etoile-Garlaban, finalisée en 2021, propose un modèle cartographique de cette « connectivité du paysage ». Elle cartographie ainsi les éléments les plus importants à préserver de la fragmentation du paysage entre les grands massifs aujourd’hui protégés dont les relations écologiques sont très fortes.