La Cistude d’Europe (Emys orbicularis) est une petite tortue aquatique d’eau douce, protégée à l’échelle européenne. Elle est assez rare en région PACA, ses deux foyers de population majeurs étant le massif des Maures et la Camargue. Une petite population est connue depuis plusieurs décennies sur la commune de Mazaugues mais celle-ci était mal connue. Dans le cadre de Natura 2000, le Parc a conduit une étude visant à la caractérisation de cette population, afin d’estimer notamment le nombre d’individus présents, la part de mâle, femelle et juvéniles et étudier leurs milieux de vie. Retrouver quelques images sur ce travail dans cette vidéo.
Ce travail a été conduit par une stagiaire de master 2 (Laura ALBIGES) et le bureau d’étude Statipop (Pauline PRIOL). Par le biais d’une méthode appelée Capture Marquage Recapture, il a été estimé que la population compte entre 44 et 74 individus, soit 52 en moyenne. Le sex-ratio (le nombre d’individu mâle par rapport au nombre d’individu femelle) est très déséquilibré avec 15 mâles pour 9 femelles. De plus, 29 juvéniles ont été estimés, ce qui est très important par rapport à la population totale.
Cette étude est alors à poursuivre pour mieux comprendre les causes de ce phénomène et cette part importante d’individus juvéniles dans la population. En effet, un sex-ratio et âge-ratio déséquilibrés peuvent-être causés par :
- une mortalité récente des adultes qui permet aux jeunes individus d’avoir assez de nourriture dans ce milieu
- une apparition récente sur le site de cette population (déplacement, apport ou relâcher par un particulier…), qui permet aux jeunes individus d’avoir assez de nourriture dans ce milieu
- un site de présence non trouvé où des individus adultes seraient présent
- une température d’incubation des œufs trop basse pour permettre une sexation femelle des juvéniles (inférieur à 28°C en moyenne pour une mâle, supérieur à 28°C pour une femelle).
La continuité d’une étude sur une deuxième année permettraient également de connaitre les taux de survies et le potentiel de recrutement de cette population et ainsi d’en estimer l’état de conservation. En l’état actuel des connaissances, le fort taux de juvéniles amène à penser que la reproduction sur ce site est efficace et que la ressource alimentaire y est suffisante. De plus, les activités de loisirs et agricoles ayant lieu à des endroits définis comme attractif pour la cistude (zones de pontes sur sites agricoles, solarium et sites de chasses sur des sites de baignade) ne semblent pas impactantes pour l’instant.
Il est cependant important de veiller à limiter au maximum le dérangement de cette espèce pour favoriser sa conservation sur le territoire. Voilà quelques conseils pour vous en assurer :
- Ne pas capturer, tenter de toucher ou s’approcher trop près des individus.
- Tenir son chien en laisse pour éviter qu’ils n’essayent de mordre ou dérange les tortues.
- Ne pas tenter de nourrir les tortues ou les animaux sauvages en général.
- Ne pas relâcher votre tortue domestique dans la nature, que ce soit une espèce exotique envahissante ou une Cistude d’Europe. En effet, en plus du caractère invasif de certaines espèces exotiques, les animaux domestiques ne sont pas porteurs des mêmes parasites, bactéries et virus que les animaux sauvages. Les remettre dans la nature peut conduire à une transmission de certaines maladies pouvant être mortelle pour les animaux sauvages. Pour plus d’informations sur ce sujet, rendez-vous sur le site du village des tortues.
Les Cistude d’Europe sont des animaux à sang froid. Elles ont donc besoin de soleil pour se réchauffer. En hiver, pour ne pas mourir de froid, elles entrent en hibernation, généralement enfouies dans de la vase au fond d’une mare. Les Cistudes se réveillent ensuite aux retours du printemps (début ou fin avril en fonction des températures). Il est donc possible que vous puissiez en voir au cours de vos ballades, si vous restez discret, car elles plongent au moindre bruit suspect !
N’hésitez pas à nous faire remonter vos observations sur cette espèce.